Le philosophe Georges Labica vient de décéder, brutalement, le jeudi 12 février, d’une hémorragie cérébrale.
Ceux qui ont eu la chance de la fréquenter et de travailler avec lui ressentent une grande peine et une énorme perte. Georges était un homme fraternel, à lintelligence toujours en éveil, un intellectuel ouvert et combatif, un pédagogue et un orateur hors pairs, un esprit libre et un militant dont linternationalisme et lengagement ne se sont jamais démentis. Il était certainement lun des penseurs marxistes les plus marquants daujourdhui.
Outre son activité denseignant pendant des années, de lAlgérie à la faculté de Nanterre, il a produit une uvre théorique nécessaire pour notre époque. Il fut notamment le co-directeur de cette somme quest « le Dictionnaire critique du marxisme ». Et, récemment, il avait fait paraître un grand essai, à contre-courant des platitudes bien pensantes en vogue actuellement, sa « Théorie de la violence » .
Aux éditions Le Temps des Cerises, il a notamment publié « Démocratie et révolution », qui explore de façon vive et stimulante le rapport entre ces deux termes, contribuant par là à refonder une pensée révolutionnaire pour aujourdhui. Pour lui, Démocratie et Révolution sont plus que jamais indissociables. La démocratie pour la révolution, la révolution pour la démocratie : il n’est pas d’autre programme dans la lutte des classes antilibérale et anti-impérialiste, où la violence dominante appelle la violence révolutionnaire des dominés, comme sa seule réplique adéquate.
Du « Livre noir du capitalisme » à « Y a-t-il une vie après le capitalisme », en passant par « Maîtres du monde » ou « lEmpire en guerre », Georges Labica a été partie prenante de tous les grands ouvrages collectifs que la maison dédition a publié ces dix dernières années pour riposter aux guerres de lempire ou réfléchir à lalternative possible.
Connaisseur attentif du monde et de la culture arabes il avait aussi confié au Temps des Cerises son choix de textes commentés de la « Muqqadima » du grand historien Ibn Khaldun.
Georges Labica a aussi régulièrement participé aux travaux de la revue Commune, et chacune de ses contributions y était dun apport éclairant et décisif. Celui dun esprit lucide, certainement lun des intellectuels contemporains français les plus brillants, qui était en même temps quun penseur un militant, un homme de réflexion et daction.