Communaute ou citoyennete ?

06.Mar.05 :: Analysis

1. Le poids des mots

Régulièrement inflation des mots. Cf. « Révolution », « Culture ». Aujourd’hui, même sort pour « communauté », « citoyenneté » ou « identité » . Il faut donc creuser a/ sémantiquement ; b/ sociologiquement

1.1.Communauté : lat. communitas ; ce qui est commun, participation en commun ; jurispr. : état d’indivision entre plusieurs propriétaires (« régime de la communauté des biens entre époux ») ; la généralité des citoyens, le peuple, la nat. l’Etat ; groupe plus ou moins étendu réuni par les mêmes croyances, usages, etc. ; pers. vivant sous une règle commune (« communauté rel. »)

NB Au 2è sens : ce qui est relatif au communisme, qui fait prévaloir la communauté des biens contre la propriété. (Littré ; aussi Platon « communauté des femmes et des enfants »)

Histq : chez les Grecs : communauté (koinonia) de la polis qui réunit citoyens et produit l’isegoria et l’isonomia, en dépit des inégalités et des différences naturelles ; St Augusrin : l’Eglise comme « communauté spirituelle » ; Modernité : produit d’un engagement des volontés individuelles. Fondé sur le contrat et la propriété ; Hegel distingue communauté natirelle (famille) et communauté politique (société civile)

1.2.Cit. : bas lat. citadanus de civitas qui jouit du droit de cité dans un Etat (égalité) ; adj. : dévoué aux intérêts de son pays (« roi citoyen »)

Histq : Aristote : la capacité d’exercer le droit de suffrage et la participation à l’exercice de la puissance publique ; Jean-Jacques Rousseau : passage de l’état de nature (volontés particulières) à l’état de société (volonté générale) ; Modernité : distinction de société civile et de société politique (Etat).

1.3.On constate :

a/ des chevauchements de sens : proximité des acceptions de comm. et de cit

b/ des constellations de notions : communauté et citoyenneté + identité, nation, société, propriété, égalité, contrat

c/ un clivage avec la modernité qui vient jusqu’à nous ; il est établi par Ferdinand Tönnies (1855-1936), dans son ouvrage Gemeinschaft und Gesellschaft (Communauté et Société). Tönnies y explique la crise de la modernité précisément par la décomposition de la communauté de nature « organique » (la communauté comme normes acceptées par un groupe) engendrant la société, qui obéit à des lois réglant les moyens et les fins. La communauté c’est la reproduction traditionnelle ou religieuse, la société c’est la reproduction institutionnelle
Tönnies : communauté, « vie réelle et organique », fondée sur la famille, le village, l’amitié, le lieu, le sang , l’esprit

2.Le communautarisme

Je vais considérer uniquement l’acception actuelle de communauté qu’on peut appeler restrictive et qui met en présence des communautés ou plutôt des communautarismes, ou des identités d’appartenance, en rupture avec, ou se substituant à la citoyenneté comme communauté générale ou égalitaire. On écartera donc : « communauté nationale », « communauté européenne » (CE), « communauté des nat. », « communauté scientifique », « communauté des croyants » (Umma), etc.

2.1.Traits et signification du communautarisme ; la question de l’identité et les revendications identitaires

2.2.L’antidote de la citoyenneté

Les différents auteurs invoquent l’antidote de la citoyenneté ; l’universel opposé au particulier

Que vaut cet antidote ?

a/ Le communautarisme se constitue précisément comme une réponse à sa vacuité : cf. l’inflation du terme, qui fonctionne comme un exorcisme de caractère purement verbal/verbeux

Car la citoyenneté reconnue légalement demeure un phénomène inégal (exemple : la citoyenneté à 2 vitesses, de l’Algérie coloniale à aujourd’hui)

b/ La citoyenneté est une abstraction : on remonte ici aux origines, i.e. à la césure Société civile/Etat ( Hegel et la critique de Marx des « Droits de l’Homme et du citoyen ») ; la césure privé/public, contrastant avec la pratique révolutionnaire de 89 ; récupération de ce qui était aliéné dans l’Etat.

3.Les affaissements et les répliques

Pourquoi ce surgissement des communautarismes, des « identités meurtrières » (A. Malouf) et comment les combattre autrement que par des incantations ?

3.1 Les réponses inadéquates (idéologiques)

La citoyenneté ; voir ci-dessus : ambivalence

La fin des idéologies universalistes

La « crise des élites »

La crise de la représentativité « républicaine »

La crise de l’Etat qui se laisse défier par la société civile, mais ce concept est lui-même devenu suspect.

3.2. A l’arrière-plan : le rôle de la lutte de classes

3.3. La vérité de la réplique démocratique : l’EGALITE

Considérer à la fois le positif du communautarisme et des « refuges identitaires », dans la mesure où ils fonctionnent comme des rappels contre la déshumanisation capitaliste (vieille problématique de l’individu contre l’Etat) ; une certaine tradition marxiste ; le plan international et la politique étatsunienne de partition ethnique (Yougoslavie, Irak, Ukraine…)

                  

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