Mots de septembre

28.Nov.01 :: Analysis

Les attentats contre New York et Washington, s’ils ont provoqué un désarroi bien légitime partout dans le monde et si l’on ne peut voir les milliers de victimes, en particulier des travailleurs,

sans éprouver compassion et indignation, il n’en demeure pas moins que ce tragique événement a donné lieu, de la part des politiques et des médias, unis dans une belle complicité, à une campagne d’opinion sans précédent, pire que celles qui accompagnèrent la guerre du Golfe et l’agression de l’OTAN contre les Balkans, visant à créer, au moyen de manipulations, de mensonges et d’intimidation émotionnelle, une véritable psychose destinée à mettre en place, aussi bien dans les pays du Sud que dans les métropoles « occidentales », les procédures de flicage renforcé indispensables au maintien de l’ordre mondial dominant menacé.

C’est pourquoi, sans se substituer aux analyses de fond, l’examen du vocabulaire inlassablement matraqué, à l’oral comme à l’écrit, ces dernières semaines, présente l’intérêt d’un cliché pris sur le vif. On n’en donnera qu’un échantillon rapide.

Afghans : peuplade primitive sous-développée et mentalement arriérée, totalement ignorée, le 10 septembre encore, du mâcheur de chewing-gum moyen, mais parfaitement connue et familière de ses Services spécialisés, qui l’avaient mise en avant, grâce au régime des Talibans, installé, armé, financé et protégé par eux, dans la lutte contre la présence soviétique. Les Afghans fournissent, depuis des années, des contingents de réfugiés qui vont dépasser les deux millions. Question : à quoi attribuer le désintérêt des « Occidentaux » à l’égard de ces populations ? A leurs traditions séculaires de nomadisme ou au fait qu’elles ne sont pas kosovares ?
Américains : ce vocable désignant les seuls habitants des Etats-Unis est typique de l’usurpation impérialiste intériorisée comme telle par les masses comme par les élites. La proclamation « Nous sommes tous des Américains » n’est pas seulement injurieuse et humiliante pour la majorité des peuples des Amériques, elle représente un comble d’absurdité : on ne peut pas être à la fois étatsunien, chilien, guatémaltèque, nicaraguayen, dominicain ou même canadien.

Aveugles : cet épithète paraît indécollable des termes « attentats » et « violence »,-toujours « aveugles » par définition. Or les attentats récents ont ceci de particulier qu’ils ont été d’une précision quasi scientifique dans leurs objectifs, puisqu’ils ont atteint les deux plus hauts symboles mondiaux de la puissance, le financier et le stratégique. On ne saurait, pour autant, faire à leurs auteurs grief d’avoir raté la Maison Blanche.

Ben Laden : c’est l’invention de l’ennemi, que l’on a vu laborieusement s’élaborer durant deux semaines, jusqu’aux « preuves », communiquées au sérail et toujours celées à l’occidentalo-chrétien de base, dont on prétend assurer la défense. L’invention présente trois caractéristiques. La première réactive un schéma éprouvé : le cow-boy, dans sa sainte colère, a besoin d’un Indien, et, on le sait, de préférence, d’un Indien mort. La seconde relève, sans se donner pour proprement hégélienne, de la dialectique, en ce qu’elle fournit un contraire de substitution à l’adversaire éliminé. Le fanatique musulman d’aujourd’hui, c’est le communiste, ou supposé tel, d’hier, les deux ayant en commun la haine de “nos valeurs” démocratiques et de notre foi pacifique. La troisième est tout à fait inattendue, puisque l’Indien de remplacement est le pur produit de l’American way of war. Quelques-uns le savaient de longue date, d’autres l’avaient fortement flairé à l’occasion des « frappes » yougoslaves. Aujourd’hui il n’est pas de média qui n’en fasse ses choux gras, de révélations en témoignages qui font trembler jusqu’au fond de nos provinces. A ce paradoxe on peut, selon le savoir ou le goût, donner le nom, platonicien, de « retour du même », freudien, de « retour du refoulé » ou, aborigène, d’effet de boomerang. On peut aussi rester français, en évoquant Georges (pas deubeuliou) Dandin ou le brave Gribouille.

Cacahuètes (crème de) : aliment énergétique, apprécié des Etatsuniens et des quadrumanes, sinon des Afghans, qui traduit, sous la forme de bombes-à-la-crème, comme on dirait chez les Gelatti Motta, l’extrême sollicitude humanitaire des frappes (voir). Au point que l’on ne peut plus dire, s’agissant des frappés, qu’on les a payé “en cacahuètes”.

Civils : les attentats sont d’autant plus aveugles (voir)et révoltants qu’ils frappent des civils. L’affaire semble entendue. On remarquera néanmoins que civils est une catégorie indifférenciée, englobant à la fois pauvres et riches, yankees pur jus, chicanos, blacks et bridés. Comment peut-on, d’autre part, s’étonner sérieusement que des civils soient tués en grand nombre. Les dernières boucheries mondiales et locales ne nous ont-elles pas assené cette vérité que, dans tout conflit armé, le tribut payé par les civils est considérablement plus élevé que celui qu’acquittent les militaires? La toute récente doctrine (d’Etat-major) de la guerre « zéro mort » ne concerne en rien les populations civiles, surtout si elles appartiennent au camp adverse.

Dieu : de nationalité étatsunienne, comme l’assurait le cardinal Spelmann, durant la guerre du Viet-Nam, ou, en tout cas, naturalisé. On mesure l’exécration si l’on recourait à l’épithète « américain » pour le qualifier : il faudrait s’incliner devant les horribles fétiches aztèques, quechuas ou mapuches. Question : s’épargnerait-on les Apaches ? Le Dieu d’en face n’est pas Dieu, mais le Diable ou le Démon. Et réciproquement : le Bien et le Mal sont de vieux échangistes.

Dollar : autre nom du précédent. Cette divinité universelle, originaire des Etats-Unis. fait l’objet d’un culte sur la planète entière, grâce à la circulation des fameux billets verts (”In God we trust”). Sa tolérance à l’égard des autres religions est attestée par les cotations boursières sur les plus grandes places, autrement dit le diable adverse se soumet lui-même à cet échange universel et recourt à sa convertibilité. Par contre, avec un budget avoué de 20 milliards de dollars, la CIA semble s’illustrer davantage dans des opérations terroristes ratées (type “Baie des cochons”) que dans la prévention anti-terroriste (type “Twin Towers”). 40 milliards de dollars attribués d’un seul élan par le Congrès pour la « croisade » bushère : de quoi faire passer l’Afghanistan dans le camp du G7.

Emotionnel : utilisé à bonnes doses, agit comme un dissolvant du politique.

Fanatiques : jamais kamikazes (voir).

Femmes (afghanes) : espèce atrocement menacée, récemment découverte, après de longues années d’investigation, par la presse de combat (Elle, Le Monde, Libération, entre autres), qui s’affirme décidée à en finir, dès la rive gauche, avec l’oppression grillagée.

Fondamentalistes musulmans : amalgamés à « fanatiques » par les faiseurs d’opinion, qui, dans le même temps, jurent leurs grands dieux qu’il ne s’agit que d’une toute petite minorité de musulmans, quant à eux fort respectables dans leur ensemble (et surtout « ne ratonnez pas ! »). « Islam politique » est peut-être une expression meilleure, mais ne chipotons pas. Les forêts en pleurent encore : des montagnes de papier ont été consacrées aux fidèles du Prophète (N.B. qui représentent quand même plus d’un milliard de consommateurs) en quelques jours. Lesdites montagnes ont laissé dans la pénombre ce fait que le fondamentalisme est sinon inhérent à toute religion, du moins représente une attitude historiquement banale. Ah ! Si l’Inquisition avait disposé de Boeings ! Ah ! Si « Tsahal » avait moins de retenue ! etc. (on ne voudrait pas se montrer partial). Dans la pénombre également, ce fait que les populations arabes et musulmanes ont été les premières à combattre les intégristes et les premières à en être les victimes, dans la totale indifférence, pour ne pas dire la complicité, des puissances. Et carrément dans l’ombre, à quelques notables exceptions, cet autre fait que l’Islam politique, des Talibans au G.I.A. algérien et ses « Afghans », n’a pu croître et, si l’on ose dire, embellir que sur le vide créé par les échecs et souvent la disparition des mouvements de libération, nationalistes et/ou progressistes, actifs dans toute la sphère arabo-musulmane au temps de Bandoeng. Que ce vide enfin est beaucoup moins une œuvre d’auto-destruction, comme on l’a prétendu, de ces mouvements, que de la guerre systématique, chaude et froide, conduite à leur encontre par l’Occident, ses “valeurs” et son cornac étasunien. Dans cette région, comme ailleurs, ont été mis en place les régimes les plus arriérés et les plus totalitaires, afin de casser les espérances populaires. En ce sens, le docteur Frankenstein a lui-même opéré le Manhattan transfert.

France : grenouille qui, à défaut d’égaler le bœuf, rêve de sautiller entre ses pattes.

Frappes : forme “humanitaire” des bombardements classiques. Produits d’une démarche éthique plutôt que militaire, les frappes, inspirées du précepte “Qui aime bien, châtie bien”, associant crème de cacahuètes (voir) et missiles, doivent éviter de se dégrader en la maxime cynique “il le tue pour lui apprendre à vivre”. Quand elles sont qualifiées de “chirurgicales”, il y a lieu de s’interroger : qui peut avoir besoin d’un chirurgien frappeur?

Guerre : mode d’existence des Etats-Unis. Lesquels sont engagés dans une guerre, point toujours déclarée, latente mais permanente, depuis au moins 50 ans, et contre le monde entier. Passés les exploits d’Hiroshima et de Nagasaki, aucun continent n’a été épargné, -Amériques, Asie, Afrique, Proche et Extrême Orient et, plus récemment, Europe. Les visages de cette guerre sont multiples, de l’agression pure et simple, qu’elle s’exerce de façon franche et ouverte ou qu’elle soit dissimulée dans les oripeaux du droit ou de l’ingérence humanitaire, au soutien des pires régimes de la planète, -dictatures latino-américaines, sionisme… ou fous d’Allah —, au refus d’adhérer aux conventions et traités internationaux concernant l’environnement, les anti-missiles, le colonialisme en tant que crime contre l’humanité ou la conférence internationale sur… le terrorisme, et à toutes les formes d’exploitation/domination des plus faibles, y compris les impérialismes concurrents mais vassaux, par les moyens économiques et financiers. Il n’est nullement surprenant que les attentats de septembre soient, à leur tour, pensés sous la catégorie de la guerre. La force de l’habitude ou le manque d’imagination en sont la cause. Tous ceux, et ils sont extrêmement nombreux, qui pensent qu’une réplique, ou des « représailles », de cette nature, sont parfaitement adéquats à la situation sont fondés à craindre le pire. L’excellent Don Quichotte, dans sa folie, ne chargeait que des moulins à vent.

Information : recouvrement des données et faits les plus évidents par les barbouilleurs pentagono-cnnesques. Leurs féaux européens, journalistes, ont troqué, pour la plupart, femmes comprises, leurs vêtements civils pour des tenues camouflées (”battle dress”) et leur bic pour un uzi. Dans leur tête évidemment, en attendant le changement de cap.

Innocents : voir Civils. L’expression « civils innocents » se présente, de fait, comme un phonème insécable. Notons encore que nombre de militaires peuvent être considérés comme des innocents et un nombre, sans doute plus élevé, de civils comme des coupables (autre grande leçon historique).

Insécurité : dispositif d’encadrement policier, judiciaire et d’inculcation idéologique des citoyens substituant la peur métaphysique de l’A. (Autre/Arabe) aux trivialités quotidiennes, économiques aussi bien que sociales.

Intégrisme : forme d’intégrité qui, poussée à l’excès, peut provoquer une volonté adverse de désintégration, sous le prétexte du refus de l’intégration (sous-entendu : “à nos valeurs”).

Kamikazes : à la rigueur, les Japonais de la deuxième guerre mondiale, qui avaient le sens de l’honneur et servaient l’Empereur ; à l’extrême rigueur, les jeunes Palestiniens qui se font sauter, çà et là, par désespoir, pour un bout de terre ou de dignité ; mais pas, et même pas du tout, les « fanatiques », autrement dit les fondamentalistes (voir).

Oléoduc : nom du lézard invariablement caché partout où l’Ordre dominant répand le sang, sous la caillasse du désert irakien, sous les pavés de Belgrade ou dans les ruines de Kaboul.

Peuple : le contenu éthiquement hiérarchisé de ce terme passe largement inaperçu. Ainsi on manifeste, avec quel empressement, sa solidarité avec « le peuple américain », de la minute de silence aux cérémonies œcuméniques (agnostiques s’abstenir) et à l’identification pure et simple, sans éprouver quelque remords que ce soit d’avoir gardé un silence sans limitation devant les malheurs d’autres peuples, assurément jugés moins dignes, sinon inférieurs. Quel patron de presse s’exclamerait : « Nous sommes tous des Tutsis ! » ou « Nous sommes tous des Palestiniens ! » ? Tous les morts hélas ne se valent pas.

Peuple américain : mérite un traitement à part. En supposant que ce melting pot sympathique éclaté en Etats presque indépendants soit un peuple stricto sensu, il faut convenir que les événements actuels ont pu le secouer en profondeur, dans la mesure où ils lui ont littéralement fait découvrir qu’il était en guerre (voir). Ce qu’il ignorait. Il est vrai que le peuple en question, mise à part sa guerre civile, ne possède aucune expérience des conséquences d’un conflit sur son propre sol. Il n’a connu que par ouï-dire, par images, ou à travers les récits de ses « boys », les souffrances répétées des vieilles nations européennes, leurs villes écrasées et leurs millions de morts, civils et innocents. D’un mot, assurément plus dur, il n’a jamais reçu de bombes sur la gueule. En quoi, il est sans doute unique, au double titre de l’illusion que les guerres ne concernaient que les seuls militaires et qu’il bénéficierait de ce privilège inouï de jouir d’une invulnérabilité à toute épreuve. On devine la rudesse de la prise de conscience au moment où s’effondre une certitude aussi plombée, et, de surcroît, sous les coups, non pas de la technologie ultra-sophistiquée qu’anticipait le bouclier anti-missiles, mais du bon vieux transport aérien. N’ayons pas la cruauté d’ajouter que les plus récents sondages font apparaître à quel point le peuple en question est soudé derrière ses dirigeants.

Responsables ou coupables (des attentats) : on les cherche, même si on l’a trouvé (cf. Ben Laden). Autre paradoxe : les vrais de vrai, les sûrs, sont morts aux commandes des avions kamikazes. Ils ne risquent ni de parler, ni d’être châtiés.

Sharon (Ariel, comme la lessive): terroriste multi-récidiviste, toujours en activité et soutenu par le camp du Bien, autrement dit les anti-terroristes.

Solidarité : haute vertu morale des collectifs, celle de la classe paraissant supérieure à celle d’une équipe de football. Peut néanmoins dégénérer en association de malfaiteurs. Ainsi, la « solidarité avec le peuple américain » (voir) ne manque ni de légitimité, ni de noblesse. Mais elle ne mange pas de pain, pour parler trivialement. « La solidarité avec le gouvernement des Etats-Unis », aussi bien de la part de ceux qui l’offrent (cf. les bémols mis par les Européens à leur engagement) que de ceux qui la reçoivent (cf. le cavalier seul des stratèges de Washington), semble plus douteuse, et même franchement hypocrite, au moins dans un premier temps du processus « guerrier », à travers de multiples actions de banditisme international.

Terrorisme : un prédicable, comme diraient les logiciens. Le seul prononcé du mot suffit moins à terroriser les terroristes qu’à terroriser les terrorisés, à atterrer ceux qui sont encore debout. La conjoncture provoquant un aveuglement (voir) semblable à celui qu’on prête aux attentats, même chez nos contemporains les mieux instruits de philosophie et d’histoire, d’aucuns allant jusqu’à forger le flattus vocis d’”hyperterrorisme”, on s’aventurera à proposer quelques distinctions, étant entendu que toute forme de terrorisme est, en principe, suspecte et désavouable:

a. Le terrorisme peut adopter deux figures, l’une ouverte, sanglante, l’autre cachée, i.e. sans violence apparente. La seconde peut être pire que la première (cf. la dette).
b. Le terrorisme peut être le fait d’un individu, d’un groupe ou, ce qui paraît moins évident, d’un Etat.
c. S’agissant des deux premiers agents, -individu ou groupe, il est généralement condamnable, quand il se propose de créer une panique dans une population indifférenciée et/ou quand il vise la capture d’une position de pouvoir ; il contrarie, ce faisant, les intérêts qu’il prétend parfois servir.
d. Il ne l’est pas, et se voit même qualifié d’héroïque, quand il incarne une avant-garde luttant pour la libération du plus grand nombre (exemples : les Jacobins, les Bolcheviks, les résistants, les guerilleros, les fedayyin…).
e. Le terrorisme d’Etat, quant à lui, est condamnable sans appel, dans tous les cas de figures. Il se fait notamment le meilleur pourvoyeur des deux autres formes.
Hypothèse : en suivant l’effet boomerang, on pourrait en venir à la conclusion qu’il n’existe, en ce mois de septembre, en dépit des apparences les mieux établies, qu’une seule manifestation de terrorisme, avec deux formes en miroir — les Tours, en quelque sorte, et la destruction des Tours. Il s’agirait alors d’un effet du Système, entendu comme un cercle vicieux, dont on ne peut sortir qu’en le brisant. Ce qui est une autre histoire.

Vengeance : disposition du cerveau archaïque, qui peut se révéler particulièrement criminogène à l’ère nucléaire.

Violence : systématiquement en « spirale », quand elle n’est pas aveugle (voir). Exemple : la « spirale de la violence », au Proche-Orient, cette expression, chérie de nos ministres ne signifierait que le truisme, lui-même éculé, de la violence-qui-entraîne-la-violence, s’il ne dissimulait pas le jugement selon lequel les deux antagonistes, israélien et palestinien, sont égaux et également responsables. Juste balance entre le bourreau et la victime. Silence (sans minutes de) dans la cour.

A poursuivre…

Par exemple, avec ce Mot d’octobre :

Bioterrorisme : vieille pratique guerrière étatsunienne récemment tombée dans le domaine public, quand la menace a concerné l’initiateur. Sous la forme de poudre d’escampette, son excellent rapport qualité/prix, semble le promettre à un bel avenir. Attention : son caractère redoutablement biodégradeur l’exclut de la liste des produits classés”bio”.

Ce texte est paru, à la mi-décembre, au Temps des cerises, dans le recueil collectif intitulé L’Empire en guerre.

                  

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